Ed le 23 Décembre 2008 – « les Marquises »

Clara Je ne sais plus très bien si c’est le rêve ou le voyage qui nous tend vers la suite. C’est un peu comme l’arc et la flèche. Un duo indispensable à notre subsistance de chasseur de quelque chose. Reste qu’il faut un esprit pour viser, de l’instinct pour tirer et une mémoire pour raconter. Le temps des cavernes n’est pas si loin après tout !

Eve le 9 Décembre 2008 – « En route vers les Marquises »

Le premier novembre nous sommes donc partis de San Cristobal aux Galápagos en direction d’Isabella.  Autre île des Galápagos où normalement on ne pouvait pas s’arrêter sauf cas d’urgence.  Nous devions trouver soit une excuse technique soit médicale pour s’y arrêter.  Edouard fut la victime toute trouvée.  Ses oreilles lui ont déjà valu d’être réformé à l’armée, elle nous servirons de sésame pour Isabella.  Dès notre arrivée la Capitania se présente à bord, sous la forme habituelle; Cost Gard en Comebak Shoes. Pourquoi sommes-nous là ?  On explique qu’Edouard à mal aux oreilles, qu’on soupçonne une otite et qu’on veut pouvoir acheter le bon antibiotique.  Le lendemain la Capitania nous réclame un certificat médical, direction l’hôpital juste à coté.  Le médecin qui ausculte Edouard est effaré face à ses oreilles et annonce en effet une otite.  Edouard refuse la piqure que l’infirmière voulait lui faire, il trouve que cette plaisanterie devient trop « piquante ».  Après quelques sueurs froides, on repart avec notre certificat médical.  La Capitania n’en croit pas ses yeux.  Zut un certificat médical qui valide notre mensonge.  Comment faire pour nous réclamer le pot de vin d’entrée sur Isabella sans vraiment le réclamer…bref gros malaise.
Le lendemain la Capitania semble avoir trouvé une parade, elle nous dit qu’on doit avoir un agent et me passe, par téléphone, l’agent de Santa Cruz (frère de l’agent de San Cristobal). Il commence par me réclamer 80 dollars, face à mon indignation, son prix tombe à 50 dollars.  J’accepte.  J’aurais peut être du négocier encore un peu mais bon, on est là pour quelques jours et le temps passé à cette Capitania commence à être long.

On visite l’île, plongée snorkeling, rencontre avec les Pingouins des Galápagos et ballades sur cette île plus authentique que la précédente. 

pinguinsrequinsboeuf

La veille de notre départ, visite du volcan Sierra Negra (qui entra en éruption fin 2005).  La montée se fait à cheval.  Sur mon dos, dans le sac porte enfant, j’ai Clara.  Clément est sur le cheval avec Edouard.  Les selles sont très courtes et donc pour Edouard la position avec Clément est très inconfortable.  Tant pour l’un que l’autre.  Arrivée au sommet après 1h30.  Paysage magnifique.
Pour la descente on décide de mettre Clément dans le sac porte enfant et Clara sur les genoux d’Edouard.  Pour mon dos, les deux kilos qui séparent Clément de Clara rendent la descente très pénible.  Le chemin que j’avais trouvé dure à l’aller me parait interminable et je crains l’arrivée dans le champ de boue...

chevalsierravolcan

Après le champ de boue, enfin on retrouve la route.  En quittant le champ de boue le cheval d’Edouard qui était en premier, perd l’équilibre et envoie Edouard et Clara baladé.  Le mien qui suivait s’affole et je me retrouve au galop en train d’essayer d’arrêter cette bestiole en furie.  Je tire sur les rennes, rien n’y fait et je finis ma course folle dans la gadoue avec Clément sur le dos.  Clément hurle.  Je suis paniquée à l’idée que Clara où Clément soit blessé.  Rien, nous sommes tous indemnes, juste couvert de boue avec quelques contusions.  Les enfants nous en parlerons encore longtemps de cette balade.  Sur le groupe, au total quatre chevaux aurons fui et désarçonné leurs cavaliers. 

Le lendemain  on est fourbu de courbatures et c’est vers 16 heures (après un nettoyage rapide des hélices et de la coque) que nous levons l’ancre direction les Marquises. 

3000 Milles devant nous.

Cette longue traversée commence le 14 novembre 2008.
Le premier jour nous pêchons un oiseau.  Un Paille en queue…Nous sommes au moteur, le vent n’est pas très présent…
Le deuxième jour la ligne de pêche tire super fort, on a mis un nouveau leurre et du gros fil.  Pas le temps de freiner le bateau, le fil casse…  On est dégouté.

Le rythme s’installe, on essaie de pêcher sans résultat.  On fait la classe à Clément.  Le matin math et l’après-midi français.  On avale les miles petit à petit. En moyenne 150 miles par jour.

cabaneclassesourires

Le cinquième jour on attrape une daurade qui lâche et part avec notre leurre. Peu de temps après toujours une daurade qui lâche et part avec les hameçons.  On ne mettra plus les lignes pendant quelques jours, on est trop dégouté.
A partir du septième jour le vent d’alizée est bien établi.  Une petite brise bien régulière nous pousse vers les Marquises.  On explose le spi, pas le temps d’en prendre une photo, il sera resté moins d’une heure à poste !  Edouard sera bon pour monter en haut du mât affaler ce qu’il reste et dégager les bouts de toile enroulés partout.
Le huitième jour c’est un puffin qui vient nous rendre visite, on pense qu’il va mourir comme tous les oiseaux qui sont venu se réfugier sur le bateau jusqu’à présent.  Il se repose 24 heures et repart le lendemain.  Clément se voyait déjà avec un Puffin domestique, il pleure beaucoup lors du départ de son ami.  Nous aurons beau lui expliquer qu’il sera mieux en mer, c’est dur.

oiseau

Nous devons lors de cette traversée changer d’heure régulièrement.  On le fait en suivant le rythme solaire et en moyenne c’est tous les trois jours que nous reculons d’une heure.
Le treizième jour, encore un leurre de perdu.  Il est temps de se ressaisir.
Le quinzième jour, lors d’une manœuvre mal briefée, l’écoute du Booster se retrouve à l’eau, enroulée dans l’hélice du moteur (heureusement à l’arrêt).  Je me retrouve donc à devoir plonger en plein Pacifique…Après les injures d’usage à l’encontre d’Edouard, je plonge.  Une respiration et me voilà sous l’eau le safran vient me heurter et lorsque je vois les volutes de sang dans l’eau, il me faudra moins de dix secondes pour défaire le bout et marcher sur l’eau pour remonter à bord.  Juste une égratignure au genou mais les requins on le nez fin et je ne suis pas prête à recommencer cette expérience.
Ce même jour, Edouard fume sa dernière cigarette.

marlboro

Seizième jour, on pêche enfin un thon.  Quel bonheur.
Au matin du dix-huitième jour, terre en vue.
C’est donc le jour de l’anniversaire d’Edouard que l’on arrive aux Marquises, Hiva Oa, nous voilà.

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Début d’après-midi, on arrive au village, baguette, fromage et saucisson.  Ah oui hé cloppes pour Edouard…il aura tenu trois jours sans fumer !

Enfin, les Marquises c’est le paradis. Je reprends la plume (le clavier) dès que j’aurai un peu digéré ce nouveau monde.

<Après        Avant>

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