Eve 10 Mai 2008 - « Venezuela – tourista »

Nous sommes arrivés au Venez depuis trois semaines. Nous sommes passés d’un sentiment « on traîne pas ici » à « autant y rester un peu » et finalement « on se casse ».  Récit de changements d’humeur.

Le 13 avril arrivée à Los Testigos petit archipel au nord est du Venezuela. Tout commençait bien, après les formalités d’usage (demander la permission de rester) on pouvait savourer ce superbe endroit.

Ensuite direction Carupano où les aventures ont été relatées dans notre précédent édito.
De Carupano nous mettrons les voiles en direction de Margarita, île touristique à souhait, tout se monnaie et le cours du Bolivar subit une hausse délirante, une chose reste bon marché, l’essence (20 litres pour 2000 Bolivars soit moins de 50 cent d’euros).  Bon ok ce n’est pas ici qu’on fera des économies, dommage qu’on n’ait pas de bateau à moteur !!!
A Margarita nous faisons nos premières rencontres de bato-copains. Des belges : Beijinho. Les bons tuyaux, les plans à éviter et on est vite au courant de ce qu’il faut faire. On comprend aussi qu’il ne sert à rien de courir de formalités en formalités, on à notre visa, notre « crusing permit », le reste….on verra lors d’un contrôle comment amadouer nos « hôtes » avec une bière ou du Rhum.
Le 23 avril cap sur Puerto La Cruz où nous devons faire le carénage, marina avec piscine au programme.  Arrivés sur place nous rencontrons un Français, vieil habitué du coin qui nous déconseille vivement le carénage à Puerto La Cruz (le deuxième qui nous le dit, on suit son conseil).  Il fait les démarches pour nous obtenir une date de carénage à Carenero, le 27 mai.
Bon il faut tuer le temps jusque là.
On fait l’avitaillement et on rencontre le bato-copain Grenouille avec qui on fera un bout de chemin, encore une mine de bons plans et de conseils.
On pensait faire avec eux un tour à terre, vers les Angels Falls mais il s’avère que le prix demandé est vraiment trop élevé.  On décide donc de fuir Puerto La Cruz (en effet, après 4 jours, nous sommes envahis de mouches et de moustiques, c’en est trop) direction La Borracha (un tout petit peu plus loin mais tellement bien).
C’est magnifique, on est juste nos deux bateaux, le mouillage est parfait.
On ressemble à des Trolls (on ballade nos mouches).
Le 29 avril direction Tortuga, Playa Caldera, belle navigation, calme au début, on rencontre un requin marteau et cela se termine avec un bon 25 nœuds.
L’endroit est carte postale, plage de sable blanc à perte de vue, eau turquoise, des trésors à ramasser sur la plage et barbecue entre bateaux le soir (sur la plage le plan est moyen, sauf si on aime le lomito au sable fin).
Donc voilà, le temps s’écoule paisiblement, les enfants se baignent, vont à la plage et les adultes, bricolent, bouquinent, somnolent, et font un festin de langouste.
Quelques heures plus tard, les Vénézuéliens débarquent c’est en effet le long week-end du premier mai, au Venezuela on aime les bateaux à moteur (normal vu le prix du carburant) qui tournent en rond autour des voiliers (c’est tellement plus drôle quand il y a un obstacle potentiel) avec la musique à fond (autant que tout le monde en profite).
En moins de deux heures le mouillage où nous étions huit voiliers se retrouve avec cinquante bateaux à moteur type pêche super rapide ou speed boat.
On décide courageusement de fuir.  Le problème est que c’est partout pareil….
On file donc vers la côte, Carenero est choisie, autant aller voir où on va caréner.  Et là, bof, comment va-t-on tuer le temps avec les enfants dans ce bled plein de mangrove (super pour voir les oiseaux) mais impossible de se baigner, odeur à peine tenable, bref, on déchante.
On commence aussi a faire l’inventaire de ce que l’on ne trouve pas au Venezuela, à savoir des langes de taille correct pour Clara (à croire qu’au Venez, les enfants de plus de 12 kilos n’en portent plus), du lait (lait en poudre pas de soucis mais lait en bouteille, impossible et les enfants n’aiment pas le lait en poudre), les cigarettes sont rares (enfin les bonnes, les Marlboro rouge).  Et non, Edouard n’a pas encore arrêter, mais un jour, c’est promis il le fera, enfin c’est ce qu’il nous dit et nous ont le crois ;)
Donc après avoir tant et plus squatter la piscine du club Bahia de Los Piratos à Carenero, nous mettons le cap vers Puerto La Cruz où nous devons prendre des infos météo et une décision.  Navigation de nuit très cool, où les quarts partagés en deux ne sont pas trop difficiles.  De 21 heures à 24 heures pour Edouard, ensuite de Minuit à 03 pour Evelyne, puis 03 à 05 pour Edouard et enfin 05 à 07 pour Evelyne.  A 6h les enfants viennent lui tenir compagnie et c’est un magnifique saut de dauphins qui souhaite bonjour à Clément.
Arrivée à Puerto La Cruz, où nous n’irons pas au même port qu’auparavant, en effet, les autres marinas semblent être moins affectées par les moustiques.
De là, il faut se décider, direction Grenade où Saint Martin pour le carénage, réparer le déssalinisateur, acheter une frontale pour Evelyne, refaire un avitaillement mieux étudié,….
Grenade nous permettrait de revenir faire les Roques au Venezuela ensuite Los Aves et Bonaire.
L’option Saint Martin nous permettrait de filer vers Belize.
Entre les deux on hésite, vous connaîtrez le résultat de nos réflexions au prochain édito.

Eve & Ed 15 Mars 2008 - « Bateaux stoppeurs »

Nous avons quitté le Marin en Martinique le 11 avril.  En partant nous avons pris à notre bord 4 bateaux stoppeurs.  Christophe (27 ans) et sa copine Candice (20 ans) ainsi qu’Elise (20 ans) et son bébé (2 mois), ils allaient au Venezuela et cherchaient un embarquement en échange d’un coup de main et d’une contribution à la caisse du bord.

Nous sommes partis à la tombée de la nuit (on attendait la venue du technicien pour le déssalinisateur qui n’est jamais venu, tant pis on essaiera de régler cela au Venezuela). Merci quand même à Isabelle, (Caraïbe Gréement), qui est venue s’excuser pour les soucis techniques juste avant que nous larguions les amarres. Merci aussi à Fred de Tilikum sans qui nous serions partit sans électricité, sans frigo et sans pain, (et sans plein d’autre chose aussi). Un gros clin d’oeil à l’ami Jacques le boss de Diginav qui en plus d’être un sacré farceur est le meilleur électronicien de la Martinique. Enfin, un tout gros bisous à Franck et Laurence qui nous ont accueilli chaleureusement à tous les moments les meilleurs et les pires au sein de leur famille avec Eden et Lucas.

En route donc vers Sainte Lucie où nous avions deux trois achats à faire.  Des fruits, deux gilets autogonflants pour Edouard et moi et un barbecue, le tout étant moins cher à Sainte Lucie en dollars hors taxe.  Arrivée de nuit sans problème à Rodnay Bay.

Dimanche 13, départ tôt le matin pour Los Testigos au Venezuela, au total 210 miles devant nous.  La journée est pluvieuse et ce n’est qu’en fin d’après midi que le « grain » qui nous accompagne depuis Sainte Lucie nous lâche enfin.  La nuit est parfaite un peu de vent 15-20 nœuds sur le travers et le bateau file à 9-10 nœuds.  On divise la nuit en 4 quarts.  22h-Minuit sera pour Christophe.  Minuit – 2H00 sera pour Candice, 2h00-04h00 pour Evelyne et 04h00-06h00 pour Edouard.  Elise ne sachant pas naviguer est dispensée de quart. En plus elle s’occupe de son bébé ce qui vaut bien quelques quarts difficiles.
Arrivée lundi 14 vers midi aux Testigos.  Visite aux autorités pour demander l’autorisation de rester un ou deux jours.  Pas de problème, ils sont très aimables.  On jettera l’ancre à Testigos Grande, très beau petit village de pêcheurs, (quoi que fort sale par endroit, canettes et bouteilles en plastique à gogo), baignade, snorkeling magnifique, repos.


Mercredi 16 au matin, départ pour Carupano sur le continent, on y dépose en principe nos bateaux stoppeurs.

Démarches administratives délirantes sur fond de suspicion maximum. Apparemment les touristes ne sont pas légion à Carupano et nous faisons les frais d’une absence totale de procédure. Nous rencontrons successivement les ouvriers du dock qui veulent nous aider, les autorités militaires qui voudrais que nous ne soyons pas là, les autorités de l’immigration qui étant en congé nous délèguent un gratte papier plutôt lent, les autorités portuaires, la douane et enfin rebelote les militaires pour un contrôle en règle. Celui-ci durera une bonne matinée et prendra, sous des dehors quelques peu bon enfant, les allures d’un exercice militaire en vue de former les futurs cadets de l’armée Venezuellienne au contrôle des touristes inconséquent qui viendrais visiter leur beau pays en voilier. Mais décidément point de fin à ce calvaire. Il nous faut encore obtenir notre permis de navigation à la « Capitania ». Donc quelques heures de marche plus tard et à coup de « Bolivard » dont le cours est par ailleurs dangereusement en hausse, nous obtiendrons le dit papier. Tout ce passe finalement bien. Nous abandonnons à leur trip un peu alter-mondaliste nos jeunes hôtes et nous reprenons la mer.

Elise est partie pour son tour du monde depuis trois ans et elle s’est retrouvée enceinte en chemin, maintenant elle voyage avec son bébé « Oshan ». Prochaines escales, traversée du Venezuela vers le Brésil et ensuite avion vers le continent africain pour encore au moins un an.  Elle a vu sans doute beaucoup de chose mais en parle peu.  Passagère discrète et énigmatique souriante et jolie elle poursuis sa route avec son petit garçon

Candice et Christophe cheminent ensemble vers le Pérou.  Candice est arrivée aux Antilles sur le Bel Espoir du père Jawen et rentrera en France en juin pour y reprendre ses études. Christophe, le menuisier camionneur bijoutier, continuera sa route encore deux ou trois ans car ce qu’il a entrepris est une sorte de pèlerinage et la route est encore longue.  Ils sont partis depuis quelques mois seulement.  Leur ciel est déjà plein d’étoiles et d’espoir.

Tous nos vœux les accompagnent sincèrement. Nous sommes en route pour le Panama et les nouvelles ne sont pas bonnes. L’agent que nous avons contacté nous prédit une durée d’attente pour le passage de 45 jours ! Entre temps nous comptons caréner le bateau à Puerto La Cruz et visiter au maximum les Îles du Venezuela jusqu'à Bonaire.

Pour qui ne sais quel port gagner, il n’y a pas de vent favorable. [Sénèque]

<Après        Avant>

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