Ed 16-Août-2008 - « Pays bleu blanc vert »

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Pour y parvenir il fallait devenir Patagon. Se convertir en citoyen d’un monde qui n’existe plus ou pas encore. S’accrocher à nos rêves que les vents furieux du désir et de la cupidité emportent si souvent. Aussi avoir de la chance. *

Arrivés à Bonaire, c’est en plongeant que nous apprenons à respirer de nouveau. Les milles tracas qui nous ont assommés depuis que nous nous sommes embarqué font une pause. Certains traumatismes,  comme nos désillusions tranchantes,  en rapport à quelques malheureux individus  sont un peu compensés par les réactions spontanées, agréables et inattendues de quelques autres.

Le cousin Arnaud nous à quitté après avoir profité pleinement, (je l’espère), d’une tranche de vie maritime  bien crue en guise de grande vacance. Appréciable dépiauteur de poissons, dévoreur insatiable de cambuse et dormeur comme un Napoléon sur son canon, il nous aura fait sourire et même rire lorsque l’instant en apparence ne s’y prêtait guerre. Je repense à cette nuit où affolée, Evelyne me réveille pour me dire que les pompes de calles se sont mises en route. Il s’agissait en fait de notre empereur du sommeil  en pleine symphonie noctambule.

Clément sait maintenant parfaitement nager. Avec son masque, il observe le monde sous marin émerveillé. Ensuite il prend le livre des poissons et nous nous livrons à des exercices passionnant d’identification de la faune aquatique. Nous avons aussi repris prudemment le rythme des cours du CNED. Clément est très sensible à l’appréciation qu’on porte sur sont travail. Rien ne le rend plus heureux que la fierté d’un exercice réussi. Mais souvent il veut faire les choses trop vite et  c’est dans la rage du désespoir que tout se termine dans les larmes et les cris. Fermeté, calme et patience sont alors réquisitionnés chez papa et maman pour venir à bout de la crise.

Clara pousse à vue d’œil. Pour notre plus grand bonheur elle pratique de plus en plus assidument le pot. L’occasion de la vidange est une vraie réjouissance pour les « Sergent Major », qui arrivent par dizaines  pour dévorer les restes. Clara à l’âge du « touche à tout ». C’est assez épuisant car sur un bateau il y a vraiment beaucoup de choses auxquelles il vaut mieux ne pas toucher quand on a que deux ans. Notre attention de tous les instants est récompensée parfois par un mot ou une petite phrase pour dire qu’elle a compris. Ce qui ne l’empêche pas de recommencer trois minutes plus tard juste pour voir si on a bien comprit que maintenant elle sait.

Le très courtois commodore du Club Nautico de Bonaire s’est coupé en quatre pour nous fournir l’adresse d’une petite école pour les enfants, (une fois pour toute, basta les syndicats d’initiative et autres officines du tourisme). Nous en profitons Evelyne et moi pour emmagasiner quelques mémorables palanquées libre.

Première épave et première plongée à 40m pour moi. C’est un miracle. Il y a vingt ans alors que je pratiquais assidument ce sport magique, les plus éminents spécialistes de la faculté m’avaient très durement averti.  « Si tu continues à mettre  la tête dans l’eau, tes oreilles qui sont déjà en très mauvais état vont se dégrader très rapidement et tu deviendras sourd ». J’ai donc arrêté totalement de pratiquer la plongée sous-marine.  Aujourd’hui, avec le matériel adéquat, le monde du silence s’ouvre de nouveau à moi. Je crois même que le jeu des pressions qui s’exerce à travers mes oreilles lorsque je plonge à tendance à améliorer mon audition.  Je suis surpris que les éminences que j’ai consultées pendant tant d’années ne m’aient jamais parlées de ce matériel qui existe pourtant sur le marché depuis un certain temps.

Nous avons rencontré Rick et Ami. Un couple d’Américain qui depuis 7 ans vagabonde sur leur bateau « Tara Vana », sistership du nôtre. Nous avons très solennellement été admis au Club Nautitech qu’ils ont fondé afin de favoriser les échanges de bons conseils et créer une convivialité entre marins voyageurs. Complicité qui jusqu’ici avouons-le nous a fait quelque peu défaut. Les trucs et astuces surtout quand ils sont prodigués pas des Californiens souriants sont très agréable à recevoir.

Notre « Carabistouille » se porte bien. J’ai un peu l’impression d’avoir affaire à un grand malade qui sort tout juste de l’hôpital et qui nécessite encore beaucoup d’attention. Mais pour moi les signes cliniques ainsi que le diagnostique sont très encourageant. J’espère  que ma moitié pourra me suivre dans cette analyse et que nous passerons Panama avant mi septembre. Ce qui est impératif si nous voulons éviter la très mauvaise saison.

Pour atteindre le pays bleu blanc vert, nous devons continuer de franchir la barrière qui sépare nos rêves passés avec ceux d’avenir. Entre les deux il y a notre terre de feu réputée infranchissable et en tout cas incontournable.

* Introduction dont je dois l’inspiration à Jean Raspail puisée dans son admirable livre « Adios, Tierra del Fuego »

Eve 15 Aoû-2008 - « Bon Air »

On a trouvé une petite garderie pour les enfants, on plonge à deux.  La garderie se déroule en anglais, néerlandais et espagnol.  Ce sont des demies journées, il faut 30 minutes à pied pour y aller mais les deux heures qui suivent sans les enfants en valent vraiment le coup.

Nous aurons fait quatre vraies plongées.  Des tombants à perte de vue, une myriade de poissons, des coraux, des infrastructures orientées plongée à 200%.  Rien à dire Bonaire est un paradis pour les plongeurs et surtout pour les plongeurs à la recherche d’autonomie.  Un petit guide indique les sites, leur profile…et la plupart des plongées sont accessibles depuis la terre.

Le 16 août nous quittons Bonaire, ce fut réellement une escale appréciable.  Les enfants y ont trouvé leur bonheur, snorkeling, garderie parfaite avec des petits copains et des activités, sanctuaire des ânes, rencontre avec des iguanes, …Les parents y ont aussi trouvé leur bonheur, garderie pour les enfants, bons restos, belles plongées, repos.

Avant le départ nous voulions faire un dernier snorkeling-plongée.  Un site où il est possible d’observer des raies et des hippocampes.  La houle étant trop prononcée, nous devons renoncer à ce plaisir.
La clearance de sortie nous a causées quelques sueurs.  En effet, lors du départ d’Arnaud, celui-ci avait eu des problèmes à la sortie du territoire car son entrée était en voilier et sa sortie en avion.  Il devait être muni d’un document spécial que l’immigration devait nous fournir lorsque nous avons fait l’entrée sur le territoire.  Document que nous n’avons pas reçu (pourtant nous avons posé la question lors de l’entrée et il nous a été répondu que le document se remplirait à l’aéroport au moment de la sortie).  Bref Arnaud à été bon pour courir les démarches alors que son avion était sur le tarmac.  Heureusement tout s’est bien passé pour lui.
En ce qui nous concerne, nous étions rentrés à 5 sur le territoire et sortions à 4.  Cela ne leur plaisait pas d’autant qu’ils ne retrouvaient pas trace du départ d’Arnaud ni du double de son document de sortie. 
La présence des enfants dans le bureau exigu de l’immigration aura sans doute accélérer le l’estampillage de nos passeports vers la sortie.
Après trois heure de navigation vent de travers avec un pilote automatique neuf et qui fonctionne, nous atteignons Klein Curaçao.  Petite île plate à 7 miles de Curaçao, nous y ferrons une escale de trois jours.  Nous devons attendre lundi pour découvrir son véritable visage, une fois que les touristes du week-end seront partis.  Nous apprenons petit à petit que les week-ends montrent souvent un visage déplorable des lieux.  Cris, musique à fond, bateaux à moteur remorquant des bouées ou « bananes » flottantes avec une horde de hurleur…  Il faut attendre que ce petit monde soit au travail pour profiter des lieux.

C’est donc mardi que nous mettons cap vers Curaçao où une nouvelle clearance d’entrée ne manquera pas de mobiliser notre première journée.

<Après        Avant>

En images

Eve plongée